Yojimbo

Venise 1961, Volpi du meilleur acteur |
de Akira Kurosawa |
avec Toshirô Mifune, Kamatari Fujiwara, Isuzu Yamada, etc.

Akira Kurosawa, le maître du «jidai-geki» (fresque historique japonaise), est de retour à Passion Cinéma avec l’un des films les plus inédits et les moins diffusés de son abondante filmographie. Dans «Le Garde du corps», un «ronin» (samouraï sans maître) nommé Sanjuro arrive dans un village partagé en deux clans: d’un côté, il y a les partisans du marchand de saké, de l’autre ceux du marchand de soie. Par la ruse et le sabre, le héros parvient à pousser les deux camps à l’extermination, leur donnant ainsi la leçon… Ayant suivi une éducation à la fois rigoureusement traditionnelle et ouverte sur le monde, Kurosawa met en scène, avec son sens très aiguisé de l’éthique, les voyages initiatiques et la prise de conscience de soi. Il retrouve ici son acteur fétiche Toshirô Mifune, d’ailleurs primé à Venise pour ce rôle de justicier solitaire et impartial. Jouant des relations entre les plans plus que des dialogues, le réalisateur des «Sept Samouraïs» démontre à nouveau son originalité, son sens du rythme et du montage court.

Reconnu depuis le succès international de «Rashomon», l’auteur a en effet pu créer en toute liberté – malgré quelques scènes censurées – jusqu’à l’échec commercial de «Dodes’Kaden» (1970), après lequel les producteurs japonais ne voulurent plus de lui. Parti en Russie, Kurosawa a ensuite prouvé à ces derniers qu’ils avaient eu tort en tournant la grandiose aventure de «Dersu Uzala» (1975), le trappeur de la taïga. Et c’est finalement grâce à des indépendants américains comme Coppola, Spielberg ou Lucas, qu’il a pu réaliser d’autres chefs-d’œuvre, tels «Kagemusha» (1980) ou «Ran» (1985). Encore une preuve des interdépendances que le cinéma japonais entretient avec le cinéma mondial. Pour la petite histoire, il faut savoir que «Yojimbo» a même été plagié par Sergio Leone dans «Pour une poignée de dollars», le film qui a donné le coup d’envoi du western-spaghetti!
LE GARDE DU CORPS, Japon, 1961, noir et blanc, 1h51, programme n°151