X-Men: Le Commencement

A voir dimanche 9 juillet 2017 à 21h sur TF1 |

x-men-le-commencement_WEB

Depuis bientôt un demi-siècle, les comics, puis le cinéma ont édifié épisode par épisode la saga du groupe de mutants emmenés par le professeur Xavier (d’où le «X»), génie chauve télépathe et paraplégique. L’histoire s’est ramifiée à l’infini, en versions parfois contradictoires, comme n’importe quelle mythologie.

«X-Men: Le Commencement» propose le récit de la fondation de cet univers. On y apprendra comment des forces contradictoires ont fédéré les êtres humains doués de pouvoirs hors du commun (télépathie, téléportation, émission d’ultrasons…) par des mutations d’origine inconnue. Et la toile bruisse déjà de l’exégèse du scénario, jugé à l’aune de sa fidélité au canon de X-Men.

Mais d’autres opposent un scepticisme plus fondamental, qui les tient à l’écart des films de superhéros en général. «Ça ne se peut pas, en vrai», disent-ils (ou elles, car l’univers des comics est d’abord masculin). A cette objection, les cinéastes qui ont porté les X-Men à l’écran – Bryan Singer puis Brett Ratner – avaient répondu avec un sérieux empreint de mépris à l’égard des mécréants.

Matthew Vaughn, qui réalise «X-Men: Le Commencement» après s’être fait les dents sur l’univers des comics avec Kick-Ass, emprunte un autre chemin, celui de l’humour et du pastiche. Il en faut de fortes doses pour introduire un peu de légèreté dans ce monde de questions existentielles auxquelles on répond en trois cases et quatre phylactères. L’essentiel du film est situé au début des années 1960, au temps béni du twist et de la crise des missiles de Cuba. Rescapé d’un camp d’extermination, Eric Lehnsherr (Michael Fassbender) poursuit son bourreau, devenu Sebastian Shaw (Kevin Bacon), milliardaire mutant qui consacre sa richesse et ses talents à mettre en danger la paix entre les Etats-Unis et l’Union soviétique.

Lehnsherr s’allie avec le jeune professeur Xavier (James McAvoy) qui a pris sous sa protection Raven (Jennifer Lawrence), une jeune fille transformiste d’une complexion naturelle céruléenne. Vaughn s’ébroue avec délices dans une époque dont il ne se souvient qu’indirectement (il est âgé de 40 ans à peine) à travers les séries télévisées («Chapeau melon et bottes de cuir», «Des agents très spéciaux») et les premiers James Bond, du temps de Sean Connery. Xavier et Lehnsherr ressemblent plus à Napoleon Solo et Illya Kuryakin qu’aux prophètes d’une nouvelle espèce humaine.

Les généraux russes ventripotents, les bureaucrates de la CIA à grosses lunettes: on voit ressortir des placards des archétypes que l’on retrouve avec plaisir. Surgissent aussi des héroïnes court vêtues (January Jones en Emma Frost, espèce de reine des neiges maléfique). La mise en scène alerte les fait s’agiter vivement, sans que l’on ait vraiment le temps de s’attarder sur la démesure prétentieuse, et souvent inquiétante, des X-Men.

On l’avait déjà vu dans le second épisode, écrit et réalisé par Bryan Singer, X-Men établit une équivalence entre la position des mutants dans le monde imaginaire créé par Marvel Comics et celle des juifs dans le monde réel. Afin d’éviter aux superhéros le sort des juifs d’Europe, Lehnsherr, survivant de la Shoah, deviendra Magneto, génie destructeur décidé à asseoir la domination des mutants sur les humains normaux.

Dans les premiers épisodes, ce thème récurrent devenait un leitmotiv insupportable. Il est ici traité avec beaucoup plus de désinvolture, comme s’il s’agissait d’un autre souvenir un peu flou, venu du fond des âges, comme les ordinateurs à lumières clignotantes que manipulent les personnages, comme la voix nasillarde du président Kennedy, comme si la tragédie était soluble dans le temps qui passe.

X-Men: First Class
de Matthew Vaughn
Etats-Unis, 2011, 2h10