West Side Story

Depuis belle lurette, Steven Spielberg caressait le rêve de réaliser le remake de «West Side Story» (1961), film culte réalisé par Robert Wise, oscarisé à dix reprises et qui avait bercé son adolescence. A 74 ans, fort de son expérience et d’un budget avoisinant les cent millions de dollars, le réalisateur le concrétise de manière convaincante, dépassant, et de loin, l’original pour sa toute première incursion dans le genre de la comédie musicale. S’emparant de cette adaptation d’un drame lyrique joué à Broadway, inspiré de «Roméo et Juliette», Spielberg revient aux fondamentaux du spectacle mis en musique par Leonard Bernstein, accentuant certains traits critiques de l’œuvre gommés par Robert Wise, comme le racisme, la misogynie et la gentrification de la Grande Pomme.

Partant, le cinéaste en suit respectueusement la trame: en 1957, deux gangs rivaux s’affrontent dans les rues de l’Upper West Side à Manhattan, qui était un bas-quartier. L’un est constitué de Portoricains, l’autre de jeunes émigrés de Pologne, Suède ou Irlande, qui se considèrent comme de vrais Américains. Lié·es aux deux bandes, Maria et Riff vont s’aimer d’un amour hélas impossible… Résultat, violence et noirceur affleurent, mais l’amour fou que Spielberg voue au cinéma transcende son pessimisme, en témoigne une scène d’ouverture stupéfiante de virtuosité.

de Steven Spielberg
Etats-Unis, 2021, 2h37