Voyage vers l’espoir

A voir jeudi 19 juillet 2012 à 23h45 sur RTS Un

Sud-est de la Turquie, 1988. Haydar et sa femme Meryem sont pauvres et habitent dans un petit village perdu au beau milieu de nulle part avec leurs sept enfants. Comme son cousin a réussi à se rendre en Suisse, Haydar est obsédé par l’idée d’un avenir meilleur, quasi paradisiaque à ses yeux. Sous l’emprise d’une carte postale montrant des vertes prairies et des montagnes immaculées de blanc, il vend ses bêtes et ses champs. Tous ses enfants sont censés rester chez les grands-parents jusqu’à ce qu’ils puissent les rejoindre, lui et Meryem. Cependant, celle-ci se refuse à entreprendre pareille expédition sans un seul de ses fils. C’est ainsi que le jeune Mehmet fera partie du «voyage»…

Léopard de bronze à Locarno en 1990, Oscar du meilleur film étranger en 1991 et unique long-métrage suisse à avoir reçu telle récompense à ce jour, «Voyage vers l’espoir» constitue une œuvre-phare sur la condition des exilés et des requérants d’asile. Dur, incroyablement triste mais ô combien réaliste, inspiré d’une histoire vraie datant de 1988, lorsqu’un enfant kurde est mort de froid dans nos Alpes enneigées, le film laisse entrevoir la politique d’asile de la Suisse, même s’il ne rend pas très bien compte des raisons qui poussent les Kurdes à l’exil (le cinéaste a cependant choisi des acteurs qui parlent turc pour faciliter les autorisations de tournage en Turquie).

Par contre, «Voyage vers l’espoir» restitue minutieusement l’organisation des passeurs de l’époque et de leurs inhumaines conditions financières, résultantes indirectes de la lâcheté des décideurs helvétiques, donc de la démocratie suisse. Dès lors, le film prend un peu de distance et de hauteur, décrivant ainsi un Etat vacillant entre la basse miséricorde et le respect immonde de l’ordre administratif.

Reise der Hoffnung
de Xavier Koller
Suisse, 1990, 1h45