A voir samedi 9 mars 2013 à 2h45 sur Arte |
Présenté en compétition au Festival de Cannes en 2009, malheureusement passé sous silence par nos distributeurs mais récupéré par la Cinémathèque suisse qui en assuré la diffusion en salles, «Vincere» («Vaincre») arrive finalement sur les écrans de télévision. Avec une maîtrise incomparable, le cinéaste italien Marco Bellocchio évoque le destin tragique du premier amour de Mussolini qui, après avoir accédé au pouvoir, fit détruire toutes traces de cette liaison et interner la malheureuse…
Entre 1907 et 1915, Ida Dalser entretient une liaison avec Benito Mussolini. Le futur dictateur est alors un fervent militant socialiste. Fascinée par son charisme, elle va le soutenir jusqu’à vendre ses biens pour le soutenir. En 1922, Mussolini accède au pouvoir et disparaît de sa vie. Enceinte et abandonnée, Ida découvre que le Duce est déjà marié. Refusant d’être mise sur le carreau, elle va se battre sans relâche pour qu’il la reconnaisse, elle et son fils qui est le fruit de leur union. Son obstination lui vaut d’être enfermée dans un asile de fous…
L’idée géniale du plus sous-estimé des grands cinéastes italiens actuels est d’avoir fait jouer le Mussolini de la période socialiste par un acteur (Filippo Timi) et d’avoir eu recours uniquement à des images tirées d’archives où intervient le «vrai» Duce, dès le moment où la malheureuse Ida tombe en disgrâce et ne voit plus son ex-amant, désormais inaccessible, que par le truchement de films de propagande, qu’elle découvre au cinéma. Pour ajouter au vertige de la filiation, Bellocchio donne à Filippo Timi le rôle du fils illégitime…
Alors qu’il aurait pu succomber à la tentation mélodramatique, le réalisateur de «Buongiorno, notte» (2003) garde constamment la bonne distance pour filmer son «héroïne» pathétique qui lutte certes pour que l’on respecte ses droits, mais n’en reste pas moins complètement folle de l’homme qui l’a pourtant rejetée… Il y a beaucoup de l’Italie d’aujourd’hui dans cette drôle de relation!
de Marco Bellocchio
France / Italie, 2009, 1h58
