Twin Peaks: Fire Walk with Me

de David Lynch |
avec Sheryl Lee, Harry Dean Stanton, David Bowie, etc.


Entre 1989 et 1991, David Lynch a toute latitude pour réaliser un feuilleton télévisé unique en son genre, qui destiné à rester gravée dans les annales cathodiques. Affichant un dédain parfait pour la vraisemblance (qui constitue pourtant la pierre angulaire de tout récit à énigme), il déconstruit dans «Twin Peaks» la notion même de série en multipliant coups de théâtre absurdes, personnages secondaires, digressions abracadabrantes, interventions «irrationnelles». Ce faisant, il dresse de manière très jubilatoire un catalogue des obsessions cachées de ses compatriotes. A cinq «miles» de la frontière canadienne, la petite bourgade de Twin Peaks (51’201 âmes) a en effet les apparences d’une ville pimpante, peuplée de gens aimables appartenant à cette mythique «classe moyenne» dont la réussite très protestante est le symbole même du triomphe du rêve américain! Pour Lynch, cette réalité rassurante n’est bien évidemment que façade: derrière les beaux corps de jeunes filles sages, sous le gazon parfaitement tondu, au revers des cuisines complètement équipées, tout n’est que perversité, haine, meurtre et avilissement… Bref, du rêve au cauchemar, il n’y a même plus un pas à faire! En 1992, l’auteur de «Sailor et Lula» prolonge la série au cinéma avec un film provocant qui, sur le mode ironique du «un an plus tard», s’attache à décrire les sept derniers jours tourmentés de Laura Palmer (Sheryl Lee), archétype de la jeune fille «bien sous tout rapport» si chère aux sympathiques habitants de Twin Peaks…
1992, USA / France, couleur, 2h15; programme n°98