Tucker

de Francis Ford Coppola |
avec Kathleen Turner, Nicholas Cage, Barry Miller, Don Murray, Mureen O’Sullivan, Catherine Hicks, etc.


Dans l’immédiat après-guerre, Preston Tucker a rêvé d’atteindre seul les sommets de la gloire avec une automobile révolutionnaire qui innovait en tout point (sécurité, vitesse, confort). Prises de court, les grandes compagnies automobiles étouffèrent sa création dans l’oeuf (ou presque: seules 50 vraies «Tucker» existent et roulent encore aujourd’hui). Naïf, innocent, stupide peut-être, Tucker a forgé son ascension «publique» à coups de sourires publicitaires et d’artifices médiatiques. Tucker s’est confronté à Ford, Chrysler ou General Motors tout comme Coppola a affronté les grands studios de Hollywood; mais la ressemblance ne s’arrête pas là: même goût irrationel pour la technique, pour l’innovation, même folie de la démesure et des paris insensés — «Des bas-fonds à la richesse, c’est la raison de vivre de notre pays», dit Tucker. Quand il saisit la trajectoire de Tucker, Coppola la sublime autant qu’il la ridiculise: dialectique et contradictoire, il filme son personnage comme dans un spot publicitaire d’une heure cinquante; il l’artificialise, en fait le stéréotype du fameux rêve américain dont il a été la victime et dont il prouve, avec ce film, qu’il est plutôt bien revenu.
TUCKER: THE MAN AND HIS DREAM, Etats-Unis, 1988, 1h46, couleur; programme n°47