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Rocker trentenaire un brin écorché vif, Maxime (Vincent Macaigne) revient en plein hiver à Tonnerre, petite et très paisible bourgade bourguignonne. Il s’installe chez son père retraité (Bernard Menez), histoire de se mettre au vert pour composer son prochain album. Maxime tombe alors sous le charme de Mélodie (Solène Rigot), jeune apprentie-journaliste qui souhaite écrire un article à son sujet dans le canard local.
Leur idylle se clôt sur une rupture brutale qui fait écho à la manière dont son père abandonna sa mère mourante pour aller folâtrer avec une demoiselle dans une masure en Italie, un non-dit qui a le don de mettre Maxime dans tous ses états. De manière fascinante, le récit bascule alors brusquement et reproduit l’impair paternel en inversant les rôles. Amoureux éconduit, Maxime enlève la jeune femme et l’emmène sous la menace d’un revolver dans une cabane au fond des bois…
N’en disons pas plus, sinon que cette chronique provinciale soudain métamorphosée en film noir réserve encore bien des surprises, révélant une épaisseur psychologique insoupçonnée, que le remontage susdit rend encore plus palpable. Mêlant acteurs professionnels et non-professionnels, le prometteur Guillaume Brac a réussi un film d’une inquiétante étrangeté, qui mixe tout à la fois la geste cruelle d’un Maurice Pialat et la faconde pleine d’empathie du regretté et par trop méconnu Jacques Rozier.
de Guillaume Brac
France, 2014, 1h42