To Rome with Love

A septante-six ans passés, Woody Allen s’ingénie à faire mentir l’adage «les voyages forment la jeunesse». Quittant son New York adoré dès 2005, le réalisateur de «Hollywood Ending» accomplit depuis lors un tour cinématographique des capitales européennes avec plus ou moins de bonheur. Après Paris l’an passé, qui lui avait particulièrement réussi («Minuit à Paris»), le sieur Allen a installé son plateau de tournage à Rome pour y tourner son quarante-deuxième long-métrage.

Avouons-le sans ambages, en comparaison de sa fantaisie parisienne, ce millésime est plutôt décevant, tout juste une promenade agréable dans la lumière chaude et vibrante de la Ville éternelle, très bien rendue il est vrai par la photographie de Darius Khondji, devenu l’un des collaborateurs attitrés du Molière de la comédie de mœurs. Invoquant les mannes audacieuses de Boccace et de son célèbre Décaméron (recueil de cent nouvelles écrites entre 1349 et 1353), Allen propulse, égare et désenchante dans les rues romaines plusieurs couples américains. Ceux-ci vivent chacun de leur côté une historiette mettant à l’épreuve leurs convictions amoureuses, le tout sous le regard compréhensif d’un architecte désabusé, revenu hanter le théâtre des passions de sa jeunesse.

Pour le coup, l’auteur de «Maudite Aphrodite» se montre un brin paresseux sur le plan du scénario, à croire que ce dernier devait traîner depuis belle lurette dans le fameux tiroir entrevu dans le documentaire «Woody Allen: A Documentary». Allen se contente en effet de dévider ces quelques intrigues, sans jamais se risquer à les entrelacer. Le spectateur devra donc jeter son dévolu sur les mésaventures d’un couple de jeunes mariés empotés confrontés à une prostituée très généreuse, le trouble d’un architecte juvénile dangereusement ému par les provocations de la meilleure copine de sa petite amie, ou encore les déboires de retraités découvrant le quotidien trépidant de leur future belle-famille italienne, etc.

Grand admirateur de Fellini, Allen ne lui rend guère justice en alignant les poncifs de l’italianité, seuls quelques bons mots venant égayer l’ennui respectueux du spectateur. Bref, question cinéma «romain», mieux vaut revoir «La Dolce vita» ou Fellini Roma».

de Woody Allen
Etats-Unis / Espagne / Italie, 2012, 1h51

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