The Spirit

A voir samedi 2 février 2013 à 0h50 sur RTS Un

Alors que les comics américains grouillent déjà de super héros infantiles, Will Eisner (1917-2005) est le premier à tenter de sortir la bande dessinée du ghetto ado en créant le Spirit, un personnage complexe et décalé dont les premières aventures parurent dès 1940 dans les pages dominicales d’un quotidien américain. Considéré comme mort, l’ex-policier Danny Colt prend une nouvelle identité pour combattre le crime sous la défroque d’un justicier masqué. Dénué de «super» pouvoirs, mais doté d’un humour à toute épreuve, le Spirit ruse pour se jouer de ses redoutables adversaires. Entre 1942 et 1950, Eisner l’entraîne dans de multiples croisades, variant les genres, du burlesque au film noir, en passant par l’horreur et la comédie. Pour l’époque, ce jonglage générique constitue une véritable transgression, en regard des codes rigides qui régissent la narration des comics.

Plus de 60 ans après, Frank Miller, qui a bien connu Eisner, s’est décidé à transposer sur le grand écran les exploits démystificateurs du Spirit, bénéficiant d’un gros capital confiance. Influencé par le manga, Miller a élaboré des romans graphiques très brillants sur le plan formel, malgré une vision du monde simpliste, pour ne pas dire fascisante. Autre atout dans sa manche, il a déjà réussi de façon convaincante le passage de la bande dessinée au cinéma avec «Sin City» (2005) certes co-réalisé avec Robert Rodriguez. Faisant cette fois cavalier seul, Miller raconte tout d’abord la genèse du Spirit, qui a pris les traits de l’acteur Gabriel Macht, puis retrace l’affrontement opposant le justicier masqué au méchant Octopus (Samuel L. Jackson), un médecin légiste en quête d’immortalité…

de Frank Miller
Etats-Unis, 2008, 1h40