The Place Beyond the Pines

    A voir à Neuchâtel! en nocturne uniquement

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        Jeune et habile cinéaste indépendant américain, Derek Cianfrance a obtenu une première reconnaissance critique avec le très réussi «Blue Valentine» (2010), chronique sensible mais peu apitoyée d’un couple qui se délite. Avec «The Place Beyond The Pines» son troisième long-métrage, il décuple ses ambitions artistiques par le biais d’un film dont la construction narrative a déconcerté les critiques américains, mais suscité l’enthousiasme un brin emporté de nos confrères français.

        Sans trahir le fin mot de l’histoire, que l’on peut diviser en trois parties, risquons-nous à la résumer: motard cascadeur, Luke (Ryan Gosling) exécute un numéro de foire intitulé «la boule de la mort». En tournée minable dans l’Amérique profonde, cet homme taiseux va s’attarder plus que de raison dans la petite ville de Schenectady (un mot iroquois qui signifie «le lieu au-delà des pins» et renvoie donc au titre du film). On peut le comprendre, après avoir fait son show pétaradant, il y a revu une ancienne connaissance, Romina (Eva Mendes), serveuse de son métier, qui lui annonce tout de go qu’il a un fils.

        Après avoir tenté en vain de reconquérir la belle, Luke décide d’assurer l’avenir de son rejeton en perpétrant avec la complicité d’un garagiste des hold-up aussi solitaires que spectaculaires, au guidon de sa moto, jusqu’à ce qu’un policier tenace et ambitieux du nom de Avery Cross (Bradley Cross) se mette en travers de sa route! Dans la deuxième partie du film, le cinéaste s’attache aux pas du flic qui a aussi un enfant et a maille à partir avec la corruption. La troisième partie se déroule quinze ans plus tard. On y retrouve les fils de Luke et d’Avery, adolescents, et qui vont peut-être se prêter à une dramatique répétition du même…

        Certes, parfois très prenant, le film est hélas bien trop corseté par sa thématique déterministe. Affairé à étayer ce scénario désespérant de filiation et de rédemption chimériques, Cianfrance aligne en effet les signes annonciateurs d’un destin inéluctable qui en devient agaçante à force d’évidences surlignées, au point que le final est très vite prévisible… Bref, n’est pas James Gray («La Nuit nous appartient»), Paul Thomas Anderson («The Master») ou Jeff Nichols («Take Shelter») qui veut!

        de Derek Cianfrance
        Etats-Unis, 2013, 2h20