de Bill Viola |
Fruit d’un labeur qui a duré quatre ans, The Passing a été financée par l’audacieuse ZDF. Dans un noir et blanc d’une beauté indicible, Bill Viola concrétise de manière stupéfiante l’une des idées maîtresses de sa réflexion de vidéaste, en usant de son médium comme d’un outil de mémoire volontaire et involontaire. Puisant dans sa banque de données des images de la mort de sa mère et de la naissance de son premier fils (deux événements qui ont eu lieu de façon presque simultanée), Viola les intègre dans une méditation sonore et visuelle d’une force inouïe. Se présentant à l’écran sous les traits d’un dormeur agité, dont on entendra la respiration tout au long de la bande, l’artiste livre sous la forme du rêve un flux d’images qui définissent peu à peu son état de conscience. Pour transposer de manière appropriée les différents événements que le dormeur convoque, Viola utilise trois caméras spéciales: une caméra de nuit, plus sensible que les caméras normales, une caméra électronique à intensification de lumière résiduelle (employée par l’armée pour ses reconnaissances nocturnes) et une caméra à infrarouges permettant de filmer la nuit sans aucune lumière… A lui seul, ce matériel constitue déjà une métaphore!
Etats-Unis, 1991, 54 min; programme n°21