The Neon Demon

A voir en DVD!

Hélas bredouille au Festival de Cannes, Nicolas Winding Refn a, paraît-il, récolté quelques sifflets de la part des critiques, ceux-là même qui ont regretté un palmarès consensuel oublieux des audaces formelles. Et pourtant, «The Neon Demon» n’en manque pas!

Selon l’aveu du réalisateur de «Drive» et «Only God Forgives», l’idée du film serait née d’une observation qu’il aurait faite de son propre entourage, largement féminin. En digne héritier de Lynch, il en a tiré une sorte de film paranoïaque ultra-stylisé sur les canons de beauté et les convoitises démentielles que ceux-ci peuvent susciter au sein de la gent féminine… A 18 ans, Jesse (Elle Fanning) se rend à Los Angeles pour entreprendre une carrière dans le mannequinat. Logée dans un motel glauque, elle paraît bien fragile, mais sa beauté fascine et la jeune femme débute une ascension fulgurante. Si certaines de ses consœurs ne cachent pas leur extase, d’autres sont prêtes à tout pour s’accaparer son indescriptible beauté.

Jouant à l’envi avec les lueurs électrisantes des néons, Winding Refn travaille chaque plan comme une photographie de mode, chaque scène comme un clip de musique. Avec un sens du découpage suffocant, «The Neon Demon» multiplie ainsi les apparitions érotiques sulfureuses, à l’image de Jesse, magnifiquement interprétée par Elle Fanning, dont l’incarnation glace le sang autant qu’elle flatte le regard. Les ambiances sont malsaines et sanguinolentes, les personnages sexy, pourris et psychopathes. Déjouant toutes les attentes, le film se révèle aussi inconfortable que passionnant.

Certes, on pourrait reprocher à Winding Refn de tomber dans l’exercice de style ou une certaine forme de maniérisme, tant la qualité de son esthétique semble parfois n’exprimer que sa propre maîtrise, voire se révèle violente et choquante. C’est oublier que l’auteur ausculte tel un artiste surréaliste l’univers malade et dégénérescent de la mode, osant l’exagération de la chair, dans la lignée de David Cronenberg ou Dario Argento. En résulte un portrait protéiforme de la femme moderne, révélateur de nos pulsions les moins avouables!

Wild Side