A voir en DVD!
Il ne faut pas se laisser piéger par la superficialité apparente de ce «The Bling Ring», car Sofia Coppola y tire le portrait de toute la génération Internet. Du grand art, mis en forme comme un profil Facebook!
Empruntant son titre au nom attribué à un gang d’adolescentes de Los Angeles qui défrayèrent la chronique en cambriolant les villas d’Orlando Bloom, Megan Fox, Rachel Bilson et de l’effarante Paris Hilton, «The Bling Ring» est un film à l’esthétique «bling bling» tendance Web totalement assumée! Avec une légèreté toute feinte, Sofia Coppola y reconstitue une bande de gamines (où figure un garçon) qui dérobent vêtements à la mode et bijoux de luxe en toute décontraction, soulevant une kyrielle de questions, non seulement sur la société du spectacle, le voyeurisme, Hollywood et le star-system, mais aussi sur l’image des jeunes et celle qu’ils désirent donner, en particulier par le biais d’Internet. Grâce à une musique juke-box volontairement tapageuse et des ellipses éloquentes, la cinéaste crée un rythme nerveux où les images jaillissent tels des pop-ups sur un écran à haut débit.
Toujours à distance de ses personnages, Coppola les suit dans des soirées branchées où, comme leurs stars favorites, elles sifflent des magnums de champagne et se rassurent en postant leurs photos sur Facebook et autres réseaux. Vivant leur présent comme un souvenir, elles ont besoin de toujours plus, toujours plus vite, pour alimenter leurs vies en forme de roman-photo. Interrogeant ainsi les dangers de l’instantanéité et de l’illusion générée par les réseaux sociaux, le film nous montre une jeunesse obnubilée par la mise en scène de soi, qui rêve un idéal amalgamé de sensations fortes et de plaisirs immédiats. Tirant parti des côtés hallucinants et invraisemblables de l’histoire vraie et documentée qui l’inspire, Sofia Coppola place alors les accusées face caméra, leur faisant dégainer des répliques de starlettes à la hauteur du QI de Paris Hilton. Finement superficiel en apparence, «The Bling Ring» se révèle aussi intense sur la forme que sur le fond.
Pathé