Télé gaucho

Après «Le nom des gens» (2010), un film hilarant qui se foutait de «l’identité nationale», le cinéaste français Michel Leclerc fouille dans son expérience à Télé Bocal, une véritable chaîne associative parisienne, pour raconter un peu de son histoire et de celle d’allumés révolutionnaires plus ou moins décidés à en découdre avec le système.

A Paris, vers la fin des années 1990, avant Internet, mais après le caméscope DV, le jeune Victor (Félix Moati) est engagé comme stagiaire chez HT1, la télé numéro un. En clair, il sert des cafés à une présentatrice-vedette attirante (Emmanuelle Béart) qui «sait des trucs qu’elle ne connaît pas», comme tout journaliste. Dans son quartier alternatif, Victor tombe sur Yasmina (Maïwenn) et Jean-Lou (Eric Elmosnino), une militante convaincue et un escroc qui singe Gainsbourg, lesquels l’engagent aussitôt à Télé Gaucho, leur télévision indépendante. Et puis, il y a Clara (irrésistible Sara Forestier), une jeune blonde maladroite d’une générosité débordante. Victor doit concilier idéalisme, premier amour, appartenance au groupe et ambitions propres.

Suivant quinze gauchos qui parlent tous en même temps, avec un sens du burlesque parfois digne de Pierre Etaix, «Télé Gaucho» constitue une comédie politique à la fois critique et nostalgique. Grâce à des reportages très piquants, comme les fameux «objets qui nous font chier», et des parties musicales explosives, ainsi que des documents et des interviews pris sur le vif, incognito, dans de vraies manifs du FN ou des défilés gay, le film aborde avec ironie des sujets tels que l’avortement, l’homophobie ou les sans-papiers, tout en faisant la nique aux gauchistes de tout poil. On hésite alors entre l’hommage et la satire. Un joyeux bordel!

de Michel Leclerc
France, 2011, 1h52

à voir à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel