Tarnation

de Jonathan Caouette |
avec J. Caouette, Renée Leblanc, David Sanin Paz, etc.


Primé dans plusieurs festivals américains d’importance, «Tarnation» (lire «damnation») fait partie de ces «ovnis» cinématographiques dont on ne sait encore s’ils changeront la face du cinéma. Depuis l’âge de 11 ans, Jonathan Caouette se filme, lui et ses proches. Vingt ans plus tard, avec l’aide de Gus Van Sant, il réduit à une petite heure et demie un flot d’images et de sons. En résulte un vrai film de cinéma, qui fonde peut-être même un genre (l’autofiction): procédant par flash-back, Caouette fait le récit de sa vie à la troisième personne. Adepte du collage, il entremêle images prises sur le vif, sans doute tirées de ses «archives», et scènes rejouées dans l’espoir de recouvrer la distance qui sauve. L’effet obtenu est sidérant, donnant à voir l’intériorité ravagée d’un fils en adoration devant sa mère dont il a été séparé étant enfant; une mère qui présente tous les stigmates du ratage du mouvement contestataire des années soixante. Cet exorcisme fascinant finit par réussir et laisse à penser que l’on peut être texan et homosexuel, sans encourir les foudres divines… Par la grâce du cinéma, peut-être?
Etats-Unis, 2004, couleur, 1h28, programme n°129