Talons aiguilles

de Pedro Almodovar |
avec Victoria Abril, Marisa Paredes, Miguel Bosé, Pedro Diez del Corral, Féodor Atkine, Bibi Andersen, etc.

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    La dictature franquiste a longtemps battu le rappel des valeurs familiales; provoquant bien sûr une rapide sclérose de ces dernières et «névrosant» une nation entière… Tel est l’avis de Pedro Almodovar, cinéaste emblématique de la tempête culturelle liée à la renaissance de la démocratie espagnole. Guérisseur provocant des âmes, Almodovar tente, malgré les apparences, un retour à l’équilibre, un retour à même de prendre en compte tous les secrets de nos natures respectives. C’est dans le bouleversant «Talons aiguilles» (1991) que l’auteur de «Kika» révèle le mieux son dessein humaniste — qui l’eût cru devant tant de provocations! Rebeca (Victoria Abril) attend le retour de sa mère (Marisa Paredes), une actrice célèbre. Incapable d’assumer son rôle de mère, celle-ci a sacrifié sa fille à sa carrière. Laissée à elle-même, Rebeca a grandi dans le culte de sa mère; imitant celle-ci de la manière la plus fidèle, au point d’épouser l’un de ses anciens amants! Le retour de la mère indigne, trop réelle, va briser net ce processus d’identification destructeur. Parce qu’il aime son monde, Almodovar met au point un scénario insidieux (subversif donc salvateur) dont le but est le rapprochement de la mère et de la fille qui va pouvoir, dès lors, s’émanciper de l’image maternelle qui la détruit. Dans la foulée, il réinvente pour Rebeca une nouvelle famille, certes plutôt hétérodoxe… La réinvention de la famille! De fait, ce thème hante tous les films d’Almodovar.

    TACONES LEJANOS, Espagne, 1991, couleur, 1h53; programme n°28