Spring Breakers

    à voir à Neuchâtel, en nocturne uniquement

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      Très remarqué au dernier Festival de Venise, le cinquième long-métrage du cinéaste américain indépendant Harmony Korine est ce que l’on doit appeler un «ocni» (objet cinématographique non identifié), à ne surtout pas prendre à la légère, en dépit de son traitement outrancier! Quadra depuis le 4 janvier dernier, l’ex-scénariste de Larry Clark (sur «Kids» et l’admirable «Ken Park»), le réalisateur de «Gummo» (1997) s’est construit jusqu’ici une réputation blafarde d’auteur «arty» misérabiliste. Avec «Spring Breakers», traité jusqu’au-boutiste de l’idiotie contemporaine, le voilà qui change complètement la donne!

      Quittant Nashville et ses horizons bouchés, où il a situé l’action de ses quatre films précédents, Korine filme d’abord et de façon quasi documentaire les fastes du «spring break», une semaine de relâche qui voit converger des dizaines de milliers d’étudiants sur les plages de Floride où ils s’adonnent sans aucune retenue à tous les excès. Dans un bled étasunien anonyme, quatre jeunes filles ne rêvent que de cela! Envieuses, les jeunettes braquent un resto pour se payer le déplacement et réaliser le rêve de leur vie: faire partie de la communauté du «spring break» et de ses baptêmes nirvaniques à la bière…

      Après ces réjouissances, nos girls deviennent les gardes du corps en cagoule rose d’un «gangsta» blanc qui singe les manières de ses pairs blacks, puis se lancent dans une équipée meurtrière dénuée de sens. Volontairement, Korine filme ses personnages sans aucune distance, au plus près de leur bêtise qu’il érige en révolte ultime, en symbiose avec le décervelage généralisé inhérent à l’air du temps où, comme le dit lui-même le cinéaste, «la différence entre regarder et participer devient de plus en plus abstraite»!

      de Harmony Korine
      Etats-Unis, 2012, 1h32