Sous surveillance

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      Acteur emblématique du cinéma protestataire américain des seventies, figurant parmi les fondateurs du Festival de Sundance, Robert Redford est passé derrière la caméra au seuil des années 1980 avec «Ordinary People», un premier long-métrage «oscarisé» très émouvant sur une famille qui essayait de se remettre de la mort accidentelle d’un fils.

      Depuis, le cinéaste alterne les mélos tire-larmes, à l’exemple de «L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux» (1998), et les films politiques engagés, comme «Lions et agneaux» (2007) sur la guerre d’Afghanistan, lesquels virent souvent à la leçon de catéchisme civique. Intitulé «Sous surveillance» en français, son nouveau film oscille entre ces deux tendances, entre thriller politico-didactique et mélodrame intimiste sur un homme vibrant d’amour paternel.

      Avocat, la cinquantaine, veuf et père d’une adorable petite fille, Jim Grant (Robert Redford) est rattrapé par son passé: ancien membre des Weather Underground, un groupement d’activistes de gauche qui luttaient contre la guerre du Vietnam et avaient commis plusieurs attentats dans les années 1960, il est toujours recherché pour un cambriolage qui a mal tourné et vit sous une fausse identité depuis plus de trente ans. Rongée par la culpabilité, l’une de ses anciennes collègues se livre alors à la police, ce qui met illico aux trousses du bon Jim, non seulement le FBI, mais surtout un jeune journaliste intrépide. Après avoir planqué sa fille, prunelle de ses yeux, Jim prend la fuite, tel Harrison Ford dans «Le fugitif» (1993).

      Après un prologue qui retrace à grand renfort d’images d’archives les méfaits des Weathermen, assimilés à des terroristes utopistes, le thriller se focalise sur le pauvre père veuf, suscitant ainsi l’empathie du spectateur. Une course-poursuite prévisible est lancée, mais elle fonctionne à la faveur d’une mise en scène efficace et d’une grande sobriété. Le véritable intérêt du film provient alors de la similitude entre Redford personnage et Redford cinéaste. Se tournant vers le passé avec mélancolie, l’acteur-réalisateur semble effectuer une anamnèse salvatrice concernant ses idéaux, abandonnés au fil des ans, d’où le titre original du film, bien plus éloquent que sa traduction française: «The Company You Keep», littéralement «les fréquentations que vous gardez».

      de Robert redford
      Etats-Unis, 2013, 2h01