Si seulement je pouvais hiberner

Par une froide nuit d’hiver, dans le quartier défavorisé des yourtes qui bordent le centre autrement luxueux de la capitale Oulan-Bator, un petit garçon soupire: «Si seulement je pouvais hiberner…» Cette phrase a donné son titre au premier long-métrage secrètement autobiographique de la jeune et talentueuse réalisatrice mongole Zoljargal Purevdash. Celle-ci a en effet passé son enfance et son adolescence dans ce lieu fort peu jouasse, se confrontant aux mêmes aléas que son protagoniste Ulzii, un ado très doué en sciences physiques. Fils aîné d’un nomade qui, comme tant d’autres, a dû se résoudre à se sédentariser, Ulzii est contraint de se substituer sans relâche à son père décédé et à sa mère absente pour s’occuper de sa sœur et de son frère. En son for intérieur, le lycéen rêve de participer à un concours national avec, pour objectif, de tirer les siens de la misère… Avec une simplicité d’approche qui évoque les grands chefs-d’œuvre néoréalistes de Vittorio de Sica («Le voleur de bicyclette», «Sciuscià»), Zoljargal Purevdash nous plonge dans ce quotidien littéralement irrespirable. Avec le concours de jeunes non-acteur·trices renversant·es d’authenticité, la cinéaste a le don d’éviter toutes les chausse-trappes du misérabilisme apitoyant. En résulte une ode intense à l’abnégation qui serre le cœur, piquetée de quelques pointes acérées d’humour noir.

de Zoljargal Purevdash
Mongolie / France / Suisse / Qatar, 1h38