Satyricon

de Federico Fellini |
avec Martin Potter, Hyram Keller, Max Born, Mario Romagnoli, Capucine, Magali Noël, Alain Cuny, Lucia Bose, etc.


Le parfum lourd et enivrant de la décadence comme rarement le cinéma nous l’a fait humer! Épicurien «raffiné» de la cour impériale, Pétrone (20-66 ap. J.-C.) s’est sans doute inspiré de ses propres expériences pour décrire dans «Le Satyricon» les errances libertines de trois jeunes marginaux vivant sous l’Empire Romain. Reprenant à ses propres fins la description de Pétrone, Fellini endosse le film à costume pour traiter un thème qui lui est cher: la décadence — en cela, il s’agit d’un remake déguisé de «La Dolce vita» (1960). S’attachant aux démarches ambiguës du trio formé par Encolpe, Ascylte et Giton, Fellini revendique toute sa sympathie pour la décadence: s’il y a procès, celui-ci est mené par un juge complice! Autant la décadence peut se révéler parfois destructrice (à l’exemple du testament du poète Eumolpe qui fait don de tous ses biens, mais contraint ses héritiers à manger son cadavre), autant elle constitue nécessairement (grâce à la transgression) une possibilité de fraîcheur, de re-création — pour mémoire, tous les chefs-d’œuvre de Fellini sont traversés par ce paradoxe.
FELLINI-SATYRICON, Italie, 1969, couleur, 1h40, programme n°85