Sang et or

En première vision | Un Certain Regard, Canne 2003 |
de Jafar Panahi |
avec Hussein Emadeddin, Kamyar Sheissi, Azita Rayeji, etc.

Présenté à Cannes l’an dernier, le quatrième film du cinéaste iranien Jafar Panahi est à la fois glaçant et bouleversant. Ancien assistant de Kiarostami, l’auteur du «Ballon blanc» (Caméra d’or à Cannes), du «Miroir» (Léopard d’or à Locarno) et du «Cercle» (Lion d’or à Venise), s’intéresse ici à un livreur de pizza ni beau ni sympathique, Hossein, qu’il va suivre durant les derniers jours de sa brève et tragique existence. Le stupéfiant «Sang et Or» commence par la fin: nous y retrouvons Hossein coincé dans une bijouterie qu’il a tenté de braquer. Remontant le temps, le film retrace alors quelques moments clefs de la vie de son protagoniste pour essayer de cerner les causes qui l’ont incité à commettre un acte criminel. Pour un salaire de misère, Hossein livre ses pizzas dans les quartiers riches, se frottant à une bourgeoisie dont il découvre le luxe et, aussi, l’hypocrisie… Dans le rôle de Hossein, Panahi a choisi un homme de la rue, perpétuellement à la limite de la crise de nerfs, bouffi de médicaments et d’autant plus inquiétant. Fasciné par son acteur, le cinéaste a pris en compte ses réactions souvent imprévues. «Sang et or», tragédie économique moderne, y gagne une incroyable intensité.
TALAYE SORKH (CRIMSON GOLD), 2003, Iran, couleur, 1h37, programme n°120