Saint Laurent

Cannes 2014, en compétition |
de Bertrand Bonello
avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Lea Seydoux, Louis Garrel, etc.

saint-laurent_WEB

Venu de la musique, Bertrand Bonello a signé des œuvres majeures comme «Le Pornographe», «De la guerre», chronique glaciale d’une secte hédoniste et, bien sûr, «L’Apollonide: Souvenirs de la maison close», plongée stupéfiante dans un bordel à l’aube du XXe. Le sixième long-métrage de l’un des cinéastes français les plus passionnants du moment couvre une décennie de la vie du couturier Yves Saint Laurent (1936-2008), soit la période-clef qui va de 1967 à 1976, révélatrice selon Bonello de trois états très différents de son protagoniste: le jeune créateur en état de grâce, la star et la marque déposée YSL, soit la métamorphose de l’artiste en produit manufacturé.

A la façon d’un Marcel Proust, que le créateur de la robe «Mondrian» admirait profondément, Bonello évoque cette transmutation et joue de façon pertinente avec les époques, grâce à deux acteurs d’exception, Gaspard Ulliel (Saint Laurent jeune) et Helmut Berger (pour les années de vieillesse prématurée) qu’il a extirpé de sa retraite «viscontienne». Non autorisé par Pierre Bergé, le fidèle compagnon et associé, ce biopic troublant est autrement captivant que le film trop lisse de Jalil Lespert sorti en début d’année.

France, 2014, couleur, 2h15, programme n°191