A voir dimanche 4 novembre 2012 à 0h20 sur France 3 |
Pour le plus grand bonheur du cinéphile avide de redécouvertes, le cycle du Cinéma de Minuit consacré à William Wellman, dit Wild Bill, propose une nouvelle perle de ce réalisateur américain, et de la meilleure eau, mixte vertigineux de comédie grinçante et de mélo désillusionné. Tourné la même année que «The Star Witness» (1931), «Safe in Hell» («Saine et sauve en enfer») est aussi caractéristique des films pré-code Hayes, comme disent les spécialistes.
Fruit de la collaboration des ligues de vertu effarouchées, de l’Etat puritain et des Majors soucieuses de préserver leur réputation (et leur économie) et de mieux contrôler leurs réalisateurs, le code de censure Hays (dont l’un des rédacteurs était un père jésuite) a réglementé Hollywood de 1934 à 1968. Pré-code donc, «Safe in Hell» s’ouvre sur un plan des jambes gainées de bas, superbement interminables, de l’article Dorothy Mackaill et traite ouvertement de la prostitution, de la loi du désir sexuel… Femme dure au mal, sachant faire le coup de poing au besoin, Gilda Carlson expédie accidentellement ad patres l’homme qui l’a expédié sur le trottoir.
Consciente que la justice ne lui fera aucun cadeau en regard de son statut social, la malheureuse se réfugie sur une petite île où elle ne risque pas l’extradition. Elle prend alors une chambre dans un hôtel peuplé d’individus très peu fréquentables, ce qui permet au cinéaste une de brosser une galerie de portraits mémorables, trempés à l’acide, à l’image des cinq locataires de son étage qui ont disposé leurs chaises dans le couloir pour ne pas perdre une miette de sa plastique, certes irréprochable… Amer, caustique, mais empreint d’une vitalité désespérée assez peu commune, «Safe in Hell» est une ode tordue à la liberté et à la sensualité, comme le cinéma américain en rarement proposé… Thanks to you, Wild Bill !
de William A. Wellman
Etats-Unis, 1933, 1h13