Rois et reines

En première vision |
Venise 04, en compétition |
d’Arnaud Desplechin |
avec Emmanuelle Devos, Mathieu Almaric, Maurice Garrel, Catherine Deneuve, etc.


Pour se faire une idée de la teneur du nouveau et admirable film d’Arnaud Desplechin, mieux vaut en passer par son titre. Donc «Rois et reine»… La reine se nomme Nora Cotterelle (Emmanuelle Devos). Directrice épanouie d’une galerie d’art, Nora est sur le point de connaître son sacre, car elle va prochainement se (re)marier avec un homme qui lui convient, enfin! Les rois sont nettement moins glorieux, déchus peut-être, mais rien n’est moins sûr. Ils sont au nombre de trois: le père de Nora (Maurice Garrel) dont le cancer est en phase terminale, Pierre (Joachim Salinger), jeune mari défunt de Nora, et Ismaël Vuillard (Mathieu Almaric), altiste en bien piètre état psychique et ex-amant de Nora. Il y a aussi un petit prince perdu: prénommé Elias, c’est le fils de Nora. Elias n’a pas connu Pierre, son père, mais a été élevé par Ismaël. En prenant le temps qu’il faut (deux heures et demie qui passent en un éclair), Desplechin va faire un sort à la reine triomphante… L’auteur de «La sentinelle» (1992) use du cinéma de genre avec une liberté stupéfiante pour tromper sans cesse les attentes du spectateur. Entre film fantastique et franche comédie, «Rois et reine» s’impose comme l’un des chefs-d’œuvre les plus déstabilisants de la récente histoire du cinéma français… Autrement dit, drôlement indispensable pour sauvegarder notre santé mentale!
France, 2004, couleur, 2h31, programme n°126