Rio Lobo

A voir lundi 3 septembre 2012 à 20h40 sur RTL9 |

Howard Hawks (1896-1977), c’est le cinéaste qui «plaçait la caméra à hauteur d’homme», mais n’hésitait pas à jouer de l’inversion sexuelle, conférant une grande force de caractère aux femmes et une indécision chronique aux mâles. Au cours de sa carrière, commencée en 1926, soit encore à l’ère du muet, Hawks a abordé tous les genres cinématographiques, dont le western, certes de manière assez tardive avec «La Rivière rouge» («Red River») en 1948, suivi de «La Captive aux yeux clairs» («The Big Sky», 1952).

Dans le système de dépersonnalisation inhérent à Hollywood, Hawks a occupé une place à part. Il y a travaillé presque comme un auteur (au sens «européen» du terme), n’hésitant pas à glisser à ses producteurs abasourdis qu’il faut «laisser le spectateur faire une partie du travail!» Tourné onze ans après «Rio Bravo», son chef-d’œuvre du genre, «Rio Lobo» (1970) en reprend certaines scènes clefs (le siège de la prison, l’attaque du ranch, l’échange de prisonniers) et une typologie des personnages très similaire.

On ne sait si Hawks avait le sentiment de tourner le dernier film de son œuvre de cinéaste, mais il est évident que son quarante-et-unième long-métrage constitue une sorte de déconstruction amusée du mythique «Rio Bravo», une relecture malicieusement souveraine qu’il émaille de boutades dont son vieux complice John Wayne (1907-1979) est la victime consentante. Héros fatigué et enrobé de «Rio Lobo», Wayne y est tour à tour traité de «bébé baleine», de «vieil homme confortable» et de «mauvais acteur»…

de Howard Hawks
Etats-Unis, 1970, 1h54