En cette période printanière, où fleurit à Nyon l’un des festivals de cinéma du réel parmi les plus importants au monde, Passion Cinéma propose, du 19 avril au 16 mai 2023, un cycle d’œuvres qui actent la primauté retrouvée de la réalité, à commencer par des documentaires majeurs, et plusieurs séances en présence d’invité·es.
La production cinématographique post-Covid semble aujourd’hui tiraillée entre deux tendances. A but très lucratif, la première entraîne les spectacteur·trices dans un imaginaire de pacotille sous emprise numérique, restitué à grand renfort d’effets spéciaux coûtant bonbons. Harnaché·es en super héros et héroïnes, ses acteurs et actrices se démènent en vain devant des fonds verts pour incarner des personnages le plus souvent dénués de toute intériorité. L’infini des possibles annoncé urbi et orbi par le soi-disant métavers ne semble être que poudre aux yeux pour dissimuler de bien piètres entreprises de recyclage mondialisées.
Faire infuser
L’autre tendance, moins clinquante mais plus profonde, est son exact contraire et se manifeste par un retour insistant au réel, nutriment indispensable aux films critiques et donc régénérateurs. Ses adeptes certes minoritaires – souvent des réalisatrices – paraissent avoir fait leur le conseil du poète Henri Michaux: «Ne désespérez jamais, faites infuser davantage!» Pour mémoire, à l’issue de la seconde guerre mondiale, le réel avait infusé le cinéma italien et cela avait donné le néo-réalisme. Mais qu’en sera-t-il après la pandémie?
Docs majeurs
Le fait de remettre une couche de rouge à lèvres après avoir subi une agression ne prête plus à ambigüité; un homme peut se dénuder de ses soi-disant responsabilités, au sens propre et figuré; un colosse au physique de lutteur fondre en larmes; une sage-femme former un «sage-homme»… Sublimé par la puissance de la fiction, le champ des possibles se décuple. Le voilà peut-être le véritable multivers!
Devenir plus humain
En cette période printanière, où fleurit l’un des festivals de films parmi les plus importants au monde (Visions du Réel pour ne pas le nommer), Passion Cinéma propose un cycle d’œuvres qui actent chacune à leur manière la primauté retrouvée de la réalité, à commencer par trois documentaires majeurs dont on ne saurait faire l’économie. Mais, comme vous le constaterez, les fictions ne sont pas en reste…