Reservoir Dogs

de Quentin Tarantino
avec Harvey Keitel, Tim Roth, Chris Penn, Steve Buscemi, etc.


Avant le hold-up, tout semble aller pour le mieux! Très biens préparés, les complices se sont donné des noms de code pour ne pas trahir leur identité respective. Mr White, Mr Blue, Mr Pink, Mr Orange et Mr Brown vont bon train, jusqu’au moment où l’intervention un peu trop prompte de la police jette le doute. Une couleur jure sur les autres. Qui a trahi? Dans une séquence d’ouverture d’anthologie, Tarantino précise d’emblée sa très saine philosophie. La parole sauve, rend humain. Tant que les hommes se parlent, rien de mal ne peut arriver, même s’ils n’ont rien à se dire. L’action est une malédiction, qui suscite toujours le pire et donc la violence.

Au sein d’un cinéma américain entièrement voué au film d’action (ou presque), cette défiance est hautement subversive. Pour faire triompher sa pensée, Tarantino a pratiqué dès son premier long-métrage un art de la surenchère absolument gratuite, qui tourne en dérision et donc démasque le réalisme sournois prôné par Hollywood en matière de mise en scène de la violence. Du coup, l’auteur de «Kill Bill» est devenu, peut-être sans le savoir, un grand cinéaste politique. Et il l’est resté à ce jour… Même si, selon le distributeur, la copie de «Reservoir Dogs» est un peu usée, il importe de revoir sur grand écran ce manifeste «violemment» frondeur.
Etats-Unis, 1992, couleur, 1h39, programme n°130