Que la bête meure

A voir lundi 14 mars à 21h sur TV5 Monde

Disparu en septembre dernier, dans sa quatre-vingtième année, le réalisateur de «Merci pour le chocolat» laisse une œuvre foisonnante derrière lui, dont la soixantaine de long-métrages forme une carte de la France ordinaire à nulle autre pareille! Détestant le simplisme, Chabrol était passé maître dans l’art de retourner le spectateur, à l’instar d’un Hitchcock dont il était le discret continuateur. Dans cet esprit, «Que la bête meurt» (1969) constitue l’un de ses sommets. Récit insidieux de la vengeance d’un père (Michel Duchaussoy) dont le petit garçon a été tué par un chauffard (Jean Yanne, dans un numéro de salaud d’anthologie), cette adaptation d’un roman policier de Nicolas Blake paraît condamner au premier abord et sans appel le chauffard, bourreau domestique d’une veulerie inégalée. Avec une maîtrise confondante, Chabrol va pourtant peu à peu modifier cette perspective un peu trop rassurante. Partant, le malheureux et inconsolable père de famille, à la perfection asphyxiante, nous est bientôt insupportable, tant il apparaît comme narcissique et manipulateur dans son désir même de vengeance.

de Claude Chabrol
France, 1969