Venise 2011, sélection officielle
de Vincent Garenq |
avec Philippe Torreton, Wladimir Yordanoff, Noémie Lvovsky, etc.
En 2001, la justice française commettait l’une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque en écrouant plus de dix personnes pour des crimes horribles qu’elles n’avaient jamais commis, condamnant les unes à se suicider, les autres à vivre un véritable enfer… Face au devoir de mémoire qu’imposent ce genre de «bavures» indignes et inhumaines, le réalisateur français Vincent Garenq a choisi de raconter le calvaire de l’un d’entre eux, un père de famille et, ironie du sort, lui-même huissier de justice. Grâce au journal tenu en détention par cet homme broyé par une machine judiciaire inique, des médias incompétents et une société qui condamne avant de juger, grâce aussi à sa collaboration sur le tournage et aux dossiers d’instruction, Garenq reconstitue une histoire kafkaïenne. Au plus près de la réalité, il utilise les actualités de l’époque et révèle la dimension profondément théâtrale d’une séance de tribunal à la manière d’un Raymond Depardon dans «10e Chambre, instants d’audience» (2004). Le cinéaste parvient même à aller au-delà de la simple erreur judiciaire et à restituer le drame d’un homme qui pourrait être chacun de nous. Dès lors, le spectateur se sent lui-même coupable présumé, à l’image du personnage principal interprété par l’extraordinaire Philippe Torreton, auquel le film doit énormément. En état de grâce, ce dernier incarne l’isolation, perd 27 kilos et joue l’auto-destruction… Révoltant mais ô combien nécessaire!
France, 2011, couleur, 1h42, programme n°170