Pourquoi tu pleures?

Pour son premier long-métrage (adapté d’un court de son cru), la réalisatrice franco-israélienne Katia Lewkowicz a connu un accueil contrasté sur la Croisette, où son film a clos la très éclectique sélection de la Semaine de la Critique. Si certains ont hurlé au parisianisme aigu, d’autres ont plutôt apprécié l’aigreur de cette comédie désabusée, bien à l’image de la dégaine du chanteur Benjamin Biolay qui en joue le rôle principal (et qui figurait déjà au générique du court). La séquence d’ouverture donne tout de suite le ton: filmés devant un fond neutre, les amis d’Arnaud (B. Biolay) établissent de manière très prosaïque son profil peu glorieux. Ce climat perdure à travers une seconde séquence dans un club assez déshabillé où l’on voit ce même Arnaud enterrer sa vie de garçon avec ses potes qui viennent de lui jeter les fleurs que l’on sait. Emane de cette situation alcoolisée un sentiment de vacuité titubante, qui prouve à tout le moins que la cinéaste n’est pas dépourvue de talent, même si la suite se révèle plutôt inégale. A la veille de convoler en justes noces, Arnaud (dit «le marié» dans le film) semble ne plus être très convaincu de la pertinence de son mariage, à mesure qu’il doit affronter les préparatifs qui président au plus beau jour de sa vie. De leur côté, sa sœur (Emmanuelle Devos) et sa mère (Nicole Garcia) ne font rien pour arranger les choses. Pour son malheur, «le marié» tombe raide amoureux d’une autre qui le fait douter encore plus, d’autant que sa fiancée – interprétée par la très en vogue actrice et réalisatrice Valérie Donzelli – se volatilise, tout aussi paniquée par l’échéance! A trop vouloir créer le chaos existentiel, Katia Lewkowicz finit par nous lasser. Avant de nous surprendre, voire nous laisser de marbre devant la tonalité pour le moins résignée de son final!

de Katia Lewkowicz
France, 2010, 1h39

à Neuchâtel