Poetry

| Corée du Sud |
Cannes 2010, Prix du scénario | FIFF 2011, en compétition
de Lee Chang-dong



Chef-d’œuvre implacable au titre nullement ironique, «Poésie», le cinquième long-métrage du réalisateur sud-coréen Lee Chang-dong commence par nous montrer le cadavre d’une collégienne flottant sur le fleuve. Dans l’enchaînement, nous nous attachons aux pas d’une vieille dame confrontée à une perte progressive de sa mémoire, à la difficulté de trouver le mot juste pour décrire une réalité qui lui échappe toujours davantage. A la clinique où Mija est venue consulter, on lui conseille d’adhérer à un club de poésie, histoire d’exorciser le mal qui la frappe. En sortant, elle croise la mère de la noyée, en larmes devant l’ambulance, ce qui donne déjà matière à une scène inouïe où le réalisateur procède à un décalage sonore stupéfiant. Avec une maîtrise de la dramaturgie confondante, le cinéaste va alors faire le lien… Entre la recherche de la rime dans son cercle poétique, le soupçon de remord qu’elle guette sur le visage de son petit-fils lié à la disparition de la collégienne, et la tentative d’une réparation cynique qu’elle éludera grâce à ses troubles de mémoire, Mija va s’efforcer de sauver l’humanité en déroute. A voir absolument!
SHI, Corée du Sud, 2010, couleur, 2h19, programme n°168