Pleure pas la bouche pleine

A voir mercredi 6 juillet à 22h15 sur TSR2

Découvert par Claude Berri, Pascal Thomas signe avec «Pleure pas la bouche pleine» son second long-métrage, qui relate les amours initiatiques d’une jeune fille de province. Durant l’été 1970, dans le village des Deux-Sèvres au cœur du Poitou, Annie passe les derniers jours avec son amoureux Frédéric, avant que celui-ci ne soit appelé au service militaire. Entre un père bourru, une grand-mère radoteuse et une petite sœur chipie, Annie s’ennuie jusqu’au jour où Alexandre, un jeune homme bon chic bon genre, débarque au volant de sa petite décapotable blanche. Ensemble ils vont batifoler dans les champs, et Annie connaîtra «sa première fois». Un film dit naturaliste, avec tout ce que cela comporte de double sens… En racontant dans un décor réaliste l’histoire simple d’une fille de la campagne, Thomas séduit la critique conservatrice émue par la peinture de l’univers rural, vierge des mœurs perverties de la ville… Donnant l’occasion à des acteurs peu expérimentés voire amateurs (Annie Colé et Bernard Menez) de passer devant la caméra, Pascal Thomas les recyclera dans ses comédies de mœurs à venir. La filmographie du cinéaste sera interrompue dans les années 1980 – Thomas se consacrant essentiellement à la pub – avant de prendre son envol avec ses adaptations (elles aussi très bien pensantes) de nouvelles policières notamment empruntées à Agatha Christie. C’est ainsi qu’on retrouve le formidable couple Beresford, interprété par les superbes Catherine Frot et André Dussollier dans les divertissants «Mon petit doigt m’a dit» ou «Le Crime est notre affaire». En renouant avec la comédie sentimentale de ses débuts, Thomas atteint des sommets de mièvrerie avec «Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour…».

de Pascal Thomas
France, 1974, 1h55