Pina

«Dansez, dansez sinon nous sommes perdus». Cette parole de Pina Bausch retentit comme une sommation; une prière désespérée adressée aux danseurs. La danse pour sauver l’humanité, telle est l’urgence que la chorégraphe attribuait à son art. En hommage à Pina, Wim Wenders restitue aujourd’hui ce cri du cœur à travers un film magistral, qui fait un usage inégalé de la technologie 3D, embrassant les mouvements des corps avec une poésie sidérante.

«Pina» s’ouvre sur le Tanztheater de Wuppertal. Reproduisant les spectacles les plus célèbres de Pina, tels «Kontakthof», «Café Müller» ou «Vollmond», Wenders s’empare de la scène et n’hésite pas à dramatiser ces créations. Jouant avec les mises en abyme, il joint la 2D à la 3D par le biais d’images d’archives qui dévoilent la danseuse, à l’instar du documentaire «Rêves dansants» (2010) de Anne Linsel et Rainer Hoffmann. En faisant défiler les danseurs de la troupe, Wenders leur offre la chance de dire leur amour pour la chorégraphe, puis de le danser dans des décors irréels, des zones industrielles et des métros suspendus, qui évoquent ceux de «The Million Dollar Hotel» (2000), que Wenders avait tourné avec Bono. Le cinéaste crée ainsi un procédé certes répétitif, mais à même de faire oublier les effets de relief fascinants au profit de l’art subjuguant de Pina.

À l’image de celle qui a révolutionné la danse contemporaine avec un langage pictural et onirique exprimant toutes les angoisses et tous les désirs, on assiste avec «Pina» à une étape décisive dans le renouveau du langage cinématographique par la 3D. Ironie du sort, les salles qui ne sont pas équipées en numérique se contenteront de la copie 2D.

de Wim Wenders
France / Allemagne, 2011, 1h43

à Neuchâtel