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Après s’être fait connaître en réalisant des grands polars comme «Le Serpent» ou «Le Dernier Diamant», Eric Barbier a opéré un virage intéressant du côté des romans autobiographiques. En 2017, il avait su garder le souffle épique de «La Promesse de l’aube», tiré du chef-d’œuvre de l’écrivain Romain Gary. Avec «Petit Pays», le cinéaste français a signé ensuite une adaptation très convaincante du livre homonyme de Gaël Faye, qui raconte son enfance au Burundi dans les années 1990.
Gaby, dix ans, habite une grande maison à la campagne, près de Bujumbura. Tandis que son père, un entrepreneur français expatrié, et sa mère, immigrée rwandaise, se disputent de plus en plus, il s’en va chiper des mangues avec ses amis, en toute insouciance. Hélas, la guerre civile est sur le point d’éclater… Toujours à hauteur d’enfant et au plus proche de ses personnages, Eric Barbier prend soin d’exprimer hors-champs l’horreur du génocide, en restituant le point de vue du jeune Gaby pris entre les conflits qui déchirent ses parents et ceux qui détruisent son pays.
Gardant précieusement le cap de la tragédie intimiste, le cinéaste file un huis clos familial de plus en plus étouffant, qui décrit non seulement le quotidien d’une famille aisée se fissurant inexorablement, mais aussi les enjeux de la vie des expatriés en Afrique, sans oublier de pointer les réflexes colonialistes et racistes qui subsistent. En résulte une magnifique ode à l’enfance blessée, qui fait œuvre de mémoire.
de Eric Barbier
France/Belgique, 2020, 1h53
