Palindromes

de Todd Solondz |
avec Ellen Barkin, Richard Masur, Jennifer Jason Leigh, etc.


Cynique de combat, Todd Solondz dénonce avec un humour pince-sans-rire l’influence du puritanisme religieux sur la société américaine actuelle, engendrant une frustration aux conséquences perverses. Pour décrire l’impasse dans laquelle s’est engagé le «monde selon Bush», l’auteur brillant de «Happiness (1998) et de «Storytelling» (2001) utilise la figure du palindrome. Il s’agit d’un mot ou d’une phrase qui peut être lu dans les deux sens, en restant identique («élu par cette crapule», «ressasser»). Bien évidemment, cette figure constitue l’exemple même de la clôture, de la fermeture, de la répétition stérile du même. Sur le ton du conte pour enfants, Solondz narre les aventures d’Aviva qui, à l’âge de douze ans, veut à tout prix un bébé, pour «avoir quelqu’un à aimer toujours». Tombée enceinte, elle est emmenée par ses parents à l’hôpital pour avorter. Massacrée par le chirurgien, Aviva fugue dans les bois et est recueillie par de très «gentilles» personnes. A chaque fois que le récit bifurque, le cinéaste change d’actrice qui incarne dès lors une nouvelle figure du refoulé made in USA: l’on passe d’une ado boutonneuse à une noire obèse, une anorexique, mais sans que cela change d’un iota le cours d’un destin tout tracé… Palindrome oblige!
Etats-Unis, 2004, couleur, 1h40, programme n°129