Pacifiction

Cannes 2022, en compétition |

de Albert Serra
avec Benoît Magimel, Sergi López, Marc Susini, etc.

Avant-première en présence du réalisateur
Mardi 20 décembre
19h30, Cinéma Rex, Neuchâtel

Cinéaste hélas peu distribué en Suisse, le Catalan Albert Serra signe avec «Pacifiction – Tourment sur les îles» un sixième long-métrage qui aurait dû lui valoir la Palme d’or, tant il brille par sa singularité, mais tel un diamant noir. Il s’agit de la première incursion dans l’ère contemporaine de ce héraut insolent d’une liberté de création radicale, dont les œuvres précédentes étaient toutes «à costumes», dénudant l’illusion du pouvoir de personnages illustres comme Casanova, Louis XIV, les Rois Mages ou Don Quichotte. Fonctionnaire anonyme, le protagoniste de «Pacifiction» fait toutefois partie de cette même lignée appelée à déchoir. Haut-commissaire de la République française en fonction à Tahiti, De Roller (Benoît Magimel) semble pourtant l’homme de la situation. D’une affabilité à toute épreuve, il n’a pas son pareil pour désamorcer les divers conflits qui surgissent sur une île qui n’a plus rien du «paradis perdu» jadis vanté par ses «découvreurs». Las, une rumeur sur une éventuelle reprise des essais nucléaires français va lui faire perdre pied, jusqu’à le lancer dans une enquête aussi absurde que paranoïaque… D’une densité rarement vue au cinéma, à la fois drôle et déstabilisante, cette œuvre unique en son genre aboutit à une réflexion profonde sur les plaies incicatrisables du colonialisme.

France / Espagne / Allemagne / Portugal, 2022, couleur, 2h43, programme n°253