A voir mardi 14 mai 2013 à 22h35 sur France 4 |
Actif depuis 1992, Park Chan-wook a réalisé une quinzaine de films dont une douzaine de longs-métrages. Après «Joint Security Area» (2000), œuvre étonnante imaginant la réconciliation coréenne à travers le meurtre de deux soldats nord-coréens retrouvés sur la ligne de démarcation, Chan-wook s’est fait connaître sur le plan international avec sa fameuse «trilogie de la vengeance», débutant avec «Sympathy For Mister Vengeance» (2002), sur un ouvrier sourd muet en venant aux dernières extrémités pour payer l’opération chirurgicale de sa sœur… Narration éclatée, effets graphiques, montage rapide, le cinéaste passait à une moulinette stupéfiante d’efficacité le modèle économique néo-libéral qui prévaut dans son pays.
Tiers médian de cette trilogie, «Old Boy» est un tour de force dont l’ambiguïté a effrayé maints critiques lors de son passage au Festival de Cannes 2003. Malgré la violence insoutenable de son protagoniste, Chan-wook parvient à métamorphoser notre aversion initiale en pure compassion: vers la fin des années 1980, Oh Dae-Soo (interprété par l’extraordinaire Min-sik Choi) est enlevé et séquestré pendant plusieurs années dans une cellule, son seul lien avec l’extérieur étant désormais la télévision. Il apprend alors ainsi le meurtre de sa femme, dont il est le principal suspect. Seule, son besoin insatiable de vengeance lui permet de tenir… En résulte une sublime crise existentielle pétrie de chocs visuels et conduite sous la forme pleine de sensations du thriller populaire.
Troisième film de la série, «Lady Vengeance» fermait ce triptyque vengeur en 2005. Variation féministe de «Sympathy For Mister Vengeance», ce film racontait l’histoire d’une jeune femme emprisonnée pendant treize ans pour avoir tué un enfant. Débordant de trouvailles visuelles, ce film rappelait le formalisme goguenard de Tarantino auquel on compare souvent Chan-wook dont il faut aussi voir «Cut» (2004), le deuxième sketch de «Three Extrems», film collectif qu’il a tourné avec Fruit Chan et Takashi Miike, ainsi que «I’m A Cyborg But That’s OK», comédie pop empreinte de folie douce taillant néanmoins de jolies croupières à l’institution psychiatrique, et «Thirst, ceci est mon sang», film au sadique passant sans crier gare du drame intimiste au fantastique le plus échevelé ou au «gore» franchement burlesque. Bref, un cinéaste passionnant, et à suivre!
Oldeuboi
de Park Chan-wook
Corée du Sud, 2003, 1h59