A voir mardi 11 septembre 2012 à 1h40 sur Arte |
Jonathan Harer (Bruno Ganz) est accueilli par le très hospitalier comte Dracula (Klaus Kinsky) pour conclure la vente d’une maison. Arrivé au château, Jonathan se rend compte que son hôte est en réalité un buveur de sang. Avec sa femme Lucy (Isabelle Adjani), le pauvre homme s’efforce alors de lutter contre le vampire, mais finit par tomber sous sa coupe, inexorablement…
Réalisé en 1979, le «Nosferatu» de Werner Herzog raconte évidemment l’histoire de Dracula dans les Carpates. Cependant, ce n’est ni un remake, ni une suite du «Nosferatu» (1922) légendaire de F. W. Murnau. Il s’agit en effet plutôt d’un film symbolique, non seulement conçu comme un hommage au maître de l’expressionnisme et au roman originel de l’écrivain irlandais Bram Stoker publié en 1897, mais surtout marqué par la vision personnelle d’Herzog. Cherchant dans les décors réels la tension et l’authenticité qu’il souhaite conférer à son film, portant à l’écran son acteur fétiche dans le rôle du comte Dracula, le cinéaste allemand l’assimile au nazisme, et le fait entrer en Allemagne avec des rats pour disséminer la peste…
Et cela bien que Dracula soit chez Herzog un être solitaire et tragique, moins prédateur que chez Murnau. Androgyne et bisexuel, il éprouve même une attirance homosexuelle pour Jonathan, puis hétérosexuelle pour Lucy. Si ce «Nosferatu» n’a toutefois pas la puissance évocatrice de l’original, il n’en reste pas moins un chef-d’œuvre à part entière, dans lequel Herzog offre son point de vue, celui d’un monde à l’atmosphère étrange et envoûtante où les êtres vivants ont la pâleur des morts, un monde bercé par une musique oppressante, de Wagner aux compositions planantes du très spirituel groupe Popol Vuh, en passant par la messe de Charles Gounod!
Nosferatu – Phantom der Nacht
de Werner Herzog
France / Allemagne de l’Ouest, 1979, 1h24