Ne m’oublie pas

Locarno 2012, Prix de la Semaine de la critique
de David Sieveking

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Après un premier documentaire en 2010, «David Wants to Fly», sur les adeptes du mouvement New Age de la Méditation transcendantale, David Sieveking a trouvé un nouveau sujet d’inspiration en filmant sa propre mère, Gretel, atteinte de la maladie d’Alzheimer, afin de sauvegarder sa mémoire par l’image. Dans l’univers intime de sa famille, le réalisateur et son père feuillettent des albums de photos et se souviennent que la personne malade dont ils prennent désormais soin a été une femme engagée dans les années 1960. «Connaît-on réellement ses parents?», semble demander le cinéaste. «Que reste-t-il d’eux lorsque les mots ne parviennent plus à retenir une mémoire qui s’efface peu à peu?» A travers un montage d’une grande pudeur, Sieveking évite à dessein ce qu’il y a de dégradant dans la maladie, préférant montrer ce qu’elle fait naître: une spontanéité tout enfantine, un humour et une tendresse désinhibés. Avec tact et savoir-faire, le cinéaste nous épargne la position du spectateur-voyeur et nous offre un film du réel subtilement évocateur. «Vergiss mein nicht» (titre original) constitue une ode à la vie et à l’amour, qui aborde la différence liée à la maladie de façon chaleureuse et optimiste.
VERGISS MEIN NICHT, Allemagne, 2012, couleur, 1h28, programme n°186