Melancholia

Cannes 2011, Prix d’interprétation féminine
de Lars von Trier |
avec Kirsten Dunst, John Hurt, Charlotte Gainsbourg, etc.

Auréolé à Cannes du Prix d’interprétation féminine décerné à Kirsten Dunst, «Melancholia» est une œuvre à la fois sombre et majestueuse qui remet l’homme à sa place. Après un prologue évoquant le ballet cosmique de «2001, l’odyssée de l’espace» (1968) de Stanley Kubrick, mais annonçant ici l’Apocalypse, le nouveau film de Lars von Trier revient sur terre pour nous montrer un mariage dans une grande bâtisse entourée de verdure. Claire (Charlotte Gainsbourg) offre ces noces somptueuses à sa sœur Justine (Kirsten Dunst). En écho à la réunion de famille «jaunasse» de l’inoubliable «Festen» de Thomas Vinterberg, la mère (Charlotte Rampling) porte un toast glacial devant un public figé, tandis que le mariage tourne court parce que la mariée manque à tous ses devoirs. Si le mal qui la ronge provient des conventions sociales et des rituels familiaux, le calvaire de ses semblables est de voir s’approcher Melancholia, une immense étoile qui menace de percuter la Terre. Anéantie par une société rigidifiée par les normes, c’est comme si Justine appelait elle-même à la destruction de notre planète… Subtilement métaphorique, esthétiquement virtuose, le film exprime à travers la torpeur de ses personnages notre désespoir espiègle face à d’inéluctables catastrophes. Dès lors que la fin du monde est proche, seuls les «mélancoliques» qui ont compris la petitesse et le matérialisme absurde du genre humain, tels von Trier et son héroïne, font œuvre d’art!
Danemark/Suède/France/Allemagne, 2011, couleur, 2h10, programme n°170