Marley


Né à Kingston, Robert Nesta Marley est mort en 1981, atteint d’un cancer généralisé à l’âge de trente-six ans. Au fil du temps, cette figure charismatique a acquis valeur d’icône, gardant toujours intact son pouvoir de fascination, jusqu’à imposer à certains, aujourd’hui encore, ses opinions politiques, son mysticisme, voire son goût du cannabis.

Avec l’aide de ses proches, dont son fils Ziggy et son producteur Chris Blackwell, le cinéaste britannique Kevin McDonald restitue cette destinée reggae exceptionnelle, concrétisant un projet auquel Martin Scorsese puis Jonathan Demme s’étaient déjà intéressés par le passé. Il faut dire que McDonald, réalisateur du «Dernier Roi d’Ecosse» (2006), a de sérieux arguments à faire valoir en termes de documentaires, dont «Un Jour en septembre» (1999) sur la prise d’otages des JO à Munich, et «Mon meilleur ennemi» (2007), biographie implacable de Klaus Barbie.

Se servant des images d’archives familiales, le petit-fils du mythique réalisateur et producteur Emeric Pressburger (1902-1988) ne verse pas pour autant dans l’hagiographie réductrice, même si la personnalité apostolique de Bob Marley pourrait l’y inciter. Confrontant les souvenirs des proches et les écrits du musicien, usant avec parcimonie d’extraits musicaux, McDonald s’efforce au contraire de saisir l’humanité et l’identité de son protagoniste: ses origines mixtes, ses premiers pas dans le ghetto jusqu’aux studios de Kingston, la formation puis l’explosion des Wailers face au succès planétaire, sans oublier ses amours tumultueuses… En résulte un documentaire passionnant, adressé à toutes et tous, et pas seulement aux groupies et aux ados dont les posters immuables placardent les chambres.

de Kevin Macdonald
Grande-Bretagne / Etats-Unis, 2012, 2h24

à voir à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel