New York, un jeudi matin en 2008. Au sein d’une banque d’investissements, parmi les étages supérieurs d’un gratte-ciel, on licencie selon un rituel expéditif. Analyste respecté, Eric Dale est viré après 19 ans de services. Escorté vers la sortie, il parvient toutefois à confier à un jeune trader la clé d’un montage financier épineux. Ce dernier découvre alors que les banques se refilent depuis des mois, sans le savoir, des produits financiers sans valeur, à hauteur de billions de dollars! En clair, tout ça ne vaut plus rien. La nuit, les grands patrons se réunissent pour éviter la faillite…
Dans le jargon des brokers et autres traders, le «margin call» qualifie le moment où l’investisseur doit garantir réellement sa solvabilité. Titré ainsi, le premier long-métrage du réalisateur américain J. C. Chandor, un film indépendant au budget modeste, se propose de montrer le réel déclenchement de la crise de 2008. Porté par des personnages d’une superbe authenticité, dont l’excellente «sale gueule» de Jeremy Irons et la mine tourmentée de Kevin Spacey, un patron en proie à une soudaine prise de conscience, «Margin Call» déroule pas à pas, à la manière d’un braquage organisé, les mécanismes de la catastrophe.
A mesure que se succèdent les meetings, les allers et retour en ascenseur, les apartés dans les WC où se distribuent les bonus, la tension monte, décuplée par la menace d’un complot criminel. Sans aucun jugement moral, Chandor révèle alors l’arrogance et la forfaiture de ces patrons et employés. Mus par l’argent, ils refilent au plus vite leurs produits toxiques, quitte à provoquer un krach. Si certains d’entre eux seront sacrifiés sur l’autel des boucs émissaires, leur crime se révèle d’une ampleur inédite. Un thriller passionnant! Hélas, les scènes coupées et le making-of figurant dans l’édition DVD ne nous en apprendront guère plus.
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