Maps to the Stars

A voir en DVD

Après avoir surgi dans les années septante en mijotant des petits films d’horreur provocants, David Cronenberg en a épuré la forme jusqu’à s’affirmer comme le grand cinéaste du corps avec «Crash» (1996), puis «eXistenZ» (1999), avant de réaliser des chefs-d’œuvre complexes, comme «A History of Violence» (2005), relecture stupéfiante d’un monde soumis à la violence. Dans la continuité esthétique de «Cosmopolis» (2012), une dénonciation prolixe du capitalisme, le cinéaste canadien passe Hollywood au vitriol dans «Maps to the Stars». Sondant l’aliénation dans toute sa splendeur, il nous entraîne à nouveau dans les aventures psychiques et organiques qui font son génie!

Benjie (Evan Bird) est un enfant-star capricieux et «cocaïné», évoquant Macaulay Culkin et Frankie Muniz. Sa mère Christina (Olivia Williams), le couve avec voracité. Son père Stafford (John Cusack) est un gourou du coaching de vie et sa sœur aînée, Agatha (Mia Wasikowska), une pyromane au visage brûlé. Embauchée comme assistante par Havana (Julianne Moore, Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2014), actrice hystérique sur le retour, Agatha se lie avec un chauffeur de limousine au sourire carnassier (Robert Pattinson)!

D’après un pamphlet signé Bruce Wagner, lequel a puisé son inspiration dans les bas-fonds du star-system, «Maps to the Stars» fait voyager le spectateur entre réalité et fantasme, avant de l’entraîner dans une spirale incestueuse et sadique. Grâce à son regard clinique, son humour noir et sa mise en scène irréprochable, Cronenberg dépasse le cadre de Hollywood – dont Wilder, Altman, Lynch ou Coppola (père et fille) ont déjà passé la façade au vitriol. Multipliant les niveaux de lecture, il restitue le cynisme et le narcissisme d’une communauté pourrissante et riche à l’excès, qui génère des produits de consommation et des films désincarnés. Un chef-d’œuvre!

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