Mamma Roma

Venise 1962, en compétition
de Pier Paolo Pasolini
avec Anna Magnani, Ettore Garofalo, Franco Citti, etc.


Avec «Accattone», «Mamma Roma» constitue un diptyque à la fois social, politique et lyrique sur les dépravés des cités. Célébrant mélancoliquement les putains et les petits délinquants, Pier Paolo Pasolini y filme la banlieue romaine avec un sens inouï de la vérité et de la poésie… Mamma Roma est une prostituée vétérante. Libérée de son souteneur, elle décide de refaire sa vie et d’assurer l’avenir d’Ettore, son fils de 17 ans, pour lequel «elle se crucifierait». Elle part vivre à Rome dans un nouvel HLM de la banlieue et se fait vendeuse sur les marchés. Elle trouve même un travail pour Ettore. Hélas, ce dernier est plus tenté par son premier amour et les petites combines malhonnêtes. Pour ne rien arranger, le maquereau de Mamma Roma réapparaît en exigeant qu’elle retourne au tapin…

«Mamma Roma» est le second long-métrage de Pasolini. Rythmé par une musique de Vivaldi et quelques savoureux morceaux de chanson populaire, ce film au ton cru emmène le spectateur flâner sur les terrains vagues avec les désoeuvrés de la banlieue. Le réalisateur italien y révèle déjà ses pulsions érotiques, son anti-religiosité mystique, sa mise en accusation du pouvoir et, surtout, sa haine du bourgeois bien pensant. D’emblée, il démontre aussi son génie, sa formidable maîtrise formelle, notamment par quelques ralentis muets mais ô combien éloquents. Le naturalisme du sujet est donc véritablement transcendé par la poésie du réalisateur. A l’heure des émeutes de banlieue et de la violence juvénile, «Mamma Roma» conserve également une actualité troublante en insufflant une fascination sans doute nécessaire vis-à-vis de la brutalité des laissés-pour-compte.
Italie, 1962, noir et blanc, 1h50, programme n°157