Malcolm X

de Spike Lee |
avec Denzel Washington, Angela Bassett, Albert Hall, etc.

En plus de trois heures, Spike Lee raconte la vie de Malcolm X, le leader noir assassiné le 21 février 1965 à l’âge de 39 ans — sa jeunesse dans l’enfer du crime et de la drogue, sa conversion à l’Islam et, enfin, sa révolte contre l’Amérique blanche… Pour ce faire, le cinéaste respecte fidèlement la vérité historique, tout en se voulant très actuel: les images vidéo du tabassage de Rodney King, placées en ouverture du film, installent ce dernier en miroir de l’Amérique contemporaine, révélant un problème racial toujours vivace. Evoquant à la fois la comédie musicale, le néo-réalisme, le film de guerre et le film noir, Spike Lee use des codes usuels du cinéma «blanc» pour les appliquer à une cause «noire»; et dans leur accumulation, qui va jusqu’à la surcharge, il démontre aussi que le style peut également véhiculer une idéologie, ce que le cinéma américain, dans toute son histoire, n’a pas cessé de faire à la seule gloire du Rêve américain (blanc!): rappelons que ce n’est qu’en 1963 qu’un comédien de couleur (Sydney Poitier) recevait enfin un Oscar à Hollywood.
Etats-Unis, 1993, couleur, 3h21; programme n°58