Lourdes


Ancienne assistante de Michael Haneke, la cinéaste autrichienne Jessica Hausner est notamment la réalisatrice de deux chroniques plutôt rudes sur l’adolescence («Inter-View» et «Lovely Rita»). Abordant un tout autre registre, elle est allée à Lourdes filmer une histoire de miracle. C’est celle de Christine (Sylvie Testud), clouée dans un fauteuil roulant par une sclérose en plaques. Accueillie dans la «ville miracle» par l’ordre de Malte, elle suit l’itinéraire du bon pèlerin avec ses accompagnateurs (dont Léa Seydoux) et ses aides-soignants. Un matin, elle se réveille apparemment guérie. Dès lors, son rétablissement suscite non seulement l’admiration et l’éblouissement, mais aussi la jalousie… Avec une fine ironie, Jessica Hausner filme alors les marchands du temple, leur apparente dévotion. «Lourdes» s’attache ainsi à décrire précisément la crédulité, les bassesses et les rivalités des pèlerins. Puis, alors que la réalité du miracle se trouve remise en question, le film délivre un terrible suspense psychologique: d’abord gratifiée du plus beau cadeau au monde, Christine se sent menacée par le retour à son handicap, à tel point qu’elle ne peut même plus rêver une nouvelle vie. Elevée au rang de véritable archétype de l’existence, Sylvie Testud est elle-même prodigieuse: à la fois présente et extrêmement discrète, elle restitue à merveille un mouvement existentiel qui va de l’illumination à la désillusion.

de Jessica Hausner
France/Autriche, 2011, 1h39

à La Chaux-de-Fonds