de Anne-Marie Miéville |
avec Marie Bunel, Manuel Blanc, Caroline Micla, Geneviève Pasquier, Métilde Weyergans, etc.
Née en 1945 à Lausanne, Anne-Marie Miéville mène depuis longtemps une prolifique carrière dans le cinéma qui se confond en grande partie avec celle de son compagnon Jean-Luc Godard. Dès 1972, elle est de presque tous les films de Godard, tour à tour photographe, interprète, productrice, monteuse, co-réalisatrice, scénariste ou directrice artistique. Parallèlement, elle signe elle-même plusieurs courts ou moyens métrages dont «Le Livre de Marie» (1984) qui est diffusé en avant-programme de «Je vous salue Marie» de Godard.
Avec «Lou n’a pas dit non», son deuxième long métrage après «Mon cher sujet» (1988), Anne-Marie Miéville réalise un film exemplaire dans le cadre de ce cycle; brillant exemple de cinéma moderne, il n’aurait sans doute jamais pu être réalisé par un homme, eu égard à son thème et à la façon dont celui-ci est abordé. Amis, anciens amants, Pierre et Lou, cherchent, chacun à sa façon, la juste place pour s’aimer autrement. Cela ne va pas sans difficultés: Pierre, plus impétueux et tourmenté, veut croire à la passion; ce qui n’est pas le cas de Lou, cinéaste — qui se prépare à filmer au Louvre la statue de Mars et Vénus, la guerre et l’amour enlacés. Quand Pierre lui demande de dire «oui», Lou répond invariablement: «Non, Pierre; je n’existe pas pour te faire changer. (…) Tu n’écoutes que toi, tu n’entends plus rien, tu dis oui à tout, tu veux baigner dans le oui… Mais pour apprendre à dire oui, il faut commencer par savoir dire non.»
Selon Anne-Marie Miéville, l’idée inspiratrice du film est née d’un moment de la correspondance entre Lou Salomé et Rainer Maria Rilke. Toutefois, ce film décrit des instants et des aspects de la vie d’un couple d’aujourd’hui, en métamorphose. Le quotidien partagé entre homme et femme est ici avoué comme difficile. Le personnage féminin, aînée de son comparse, ouvre la voie d’un échange néanmoins possible, orienté vers la fraternité. Ainsi que le dit le poète, cité par la cinéaste: «L’amour ne sera plus le commerce d’un homme et d’une femme, mais celui d’une humanité avec une autre.»
France / Suisse, 1994, couleur, 1h20; programme n°35
