de John Sayles |
avec Chris Cooper, Kris Kristofferson, Joe Morton, Elizabeth Peña, Matthew McConaughey, Miriam Colon, Frances McDormand, etc.
Réalisé par l’un des rares cinéastes indépendants à ne jamais avoir été récupéré par Hollywood, «Lone Star» (1996) engendre une comparaison passionnante avec «La Soif du mal» (1958). Comme le chef-d’œuvre de Welles, le film de Sayles se déroule dans une ville cosmopolite à la frontière entre les États-Unis et le Mexique — à la différence près (mais très importante) qu’il s’agit ici du Texas et non plus de la Californie. Sam, le jeune shérif du comté (Chris Cooper) vient fouiller la mémoire de la population très métissée de Frontera, suite à la découverte d’un squelette plutôt malmené qui nous ramènent trente-sept ans en arrière: ce squelette est celui du flic Charley Wade, une ordure notoire dont les méthodes n’avaient rien à envier à celles de Quinlan dans «La soif du mal». Au cours de son enquête, Sam est amené à soupçonner son propre père, le légendaire et terrible Buddy Deeds, idole de la communauté blanche de Frontera, qui remplaça justement Charley Wade… Pour le spectateur qui aura vu le chef-d’œuvre de Welles, la sensation est extraordinaire, comme si Sam revenait sur les traces du Quinlan de Welles, mais avec, à la clef, un message plus optimiste, malgré la noirceur ambiante: raviver la mémoire, surtout celle des siens, peut aider à nous guérir de nos vieux démons.
USA, 1996, couleur, 2h17; programme n°77