TAÏWAN
de Hsu Hsiao-Ming |
Adapté d’un roman intitulé en Anglais Last Winter (Dernier hiver), le deuxième long métrage de cet ancien collaborateur de Hou Hsiao Hsien («Le Maître des marionnettes») délivre par le biais de la fiction un témoignage bouleversant sur une page sombre de l’histoire récente de Taïwan: à la fin des années 70, la jeune Lin-Iang suit son amant dans les meetings politiques qui préfigurent la future démocratisation du régime (qui irrite tant aujourd’hui la Chine communiste). Arrêté, son amant est persécuté et emprisonné. Désespérée par une rumeur qui annonce sa mort, Lin-Iang se radicalise et est emprisonnée à son tour. Après treize ans de prison, elle retrouve la liberté et son amant qui a refait sa vie. Œuvrant avec des couleurs volontairement froides et un sens du cadre «qui isole» extraordinaire, Hsu Hsiao-Ming donne une forme inoubliable au «lendemain qui déchante» de son personnage, victime sans relief, exploitée systématique — à quand un film de cette trempe sur l’«après-soixante-huit»?
QU NIAN DONG TIAN, 1995, 1h58, couleur; programme n°45